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Ywëna-WindChild
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MessageSujet: Mes nouvelles....   Mes nouvelles.... Icon_minitimeSam 20 Fév - 17:52

Inspiré d'un cauchemar très réaliste qui m'a fait flipper trois jours de suite ^^'
Je posterai d'autre nouvelles plus joyeuses plus tard. En attendants, commentez, c'est toujours constructif !


*******


    Je cours.
    Mes poumons me brûlent, j’ai mal, mes jambes sont de coton, l’objet dans ma poche pèse des tonnes et frappe douloureusement ma hanche en cadence, des papillons noirs dansent devant mes yeux… Je n’en peux plus. Il faut que je m’arrête…
    Je cours encore.
    Je cours, parce que si je cède à l’épuisement, parce que si je cède tout court, je perds tout. Si je cède, ils me prendront ce maudit truc dans ma poche et je perdrai tout. Mes rêves, mes ambitions, mes amis, ma famille, mon avenir, ma vie. Si je cède, je suis morte. Et pas seulement moi. Les autres aussi. Tous les autres. Tous ceux que j’aime.
    Alors je cours.
    Les maisons défilent à gauche et à droite. Cela fait longtemps que je ne les regarde plus. Je ne vois que le sol, devant moi. Le sol qui défile, comme un tapis roulant, sous mes pas. Des pas saccadés, douloureux, mais des pas quand même. Pas de course. Je ne dois pas m’arrêter. Ni même ralentir. Je dois juste courir. Je dois juste tenir.
    Jusqu’à ce que je m’effondre.
    Je ne pense plus à rien. Juste à la douleur que font naître les coups répétés de l’objet dans ma poche droite. Juste au rythme des chocs de mes pieds sur le sol. Ce rythme qui ne doit pas faiblir. En aucun cas. Je ne pense pas, je ne réfléchis pas, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir la certitude qu’il n’y a pas d’issues. Que je vais finir par tomber. Et que tout sera perdu.
    Mais je cours. Je cours encore.
    Soudain, il y a comme un flash. Comme une bouffée d’oxygène et de lumière. Je redresse la tête, j’accélère, et je reconnais l’endroit où je me trouve. Je longe le canal. Il miroite au soleil. Un instant absurde, je me demande pourquoi il y a du soleil. L’avenir est si noir. Noir et vide. Sans issue.
    Le canal miroite au soleil.
    Et soudain, il y a un autre flash de conscience. Mon cerveau engourdit se réveille. Mes sens perdus dans une brume rouge de douleur et d’épuisement sortent de leur léthargie. Je pense. Je comprends. Tout d’un coup, c’est lumineux.
    Il y a une issue.
    Ils sont loin derrière moi. Ils ne me voient pas. Pas encore. Sans cesser de courir, j’attrape ce truc dans ma poche. Sans le regarder, je le jette. De toutes mes forces. Dans le canal. La boule de papier froissé, si piteuse alors qu’elle contient un savoir plus dangereux qu’une bombe, est enroulée autour d’un caillou. C’était pour lui donner plus de poids, lorsqu’on me l’a lancé. Pour que je la rattrape et que je me mette à courir. Ce n’est plus important. La seule chose qui compte, c’est que je n’ai pas pensé à ôté ce petit caillou. Qu’il est toujours là. Qu’il donne du poids à cette boule de papier.
    Et qu’il l’entraîne.
    La feuille froissée couverte de texte sombre dans le canal. Elle disparaît aussitôt. Et moi, je ne cesse pas de courir. Encore et encore. Ils sont loin, mais ils se rapprochent. Je dois tenir. Les attirer loin de là. Et tenir. Encore et encore.
    Alors je cours.
    Profitant de ma dernière étincelle de conscience, je m’engouffre dans une rue que je connais. Elle va m’éloigner du canal. M’éloigner d’eux. Vite. Je cours. Rien d’autre ne compte que les chocs répétés de mes pieds qui martèlent le sol. J’ai mal. Mes poumons brûlent. Ma tête tourne. Je ne vois presque rien. J’ai du mal à respirer, à avancer, à tenir.
    Je cours encore.
    Soudain, quelque chose se précipite dans mes jambes. Je m’effondre. D’abord, il y a le choc. La douleur sourde. Contre le bitume, j’ai l’impression de m’assommer. Puis il y a la souffrance plus aigue, plus légère, des écorchures sales qui marbres à présent mes bras nus, mes genoux, mon visage.
    Je ne cours plus.
    Je ne peux plus. Ils sont là, autour de moi. C’est eux qui m’ont fait trébucher. Ils me maintiennent au sol. Ils me fouillent. J’ai mal. Ma respiration est sifflante, laborieuse. Pourtant, je souris. J’avais raison. Je savais qu’il y avait une issue.
    Ils hurlent de rage en découvrant que leur trésor a disparu. Ils me remettent debout, me portant à moitié, me tordant les bras dans le dos. Je ne trouve toujours pas mon souffle et ma tête tombe sur ma poitrine comme celle d’un pantin dont on aurait coupé les fils. L’un d’eux me relève la tête, il me crie une question avec colère, avec haine. Je ne réponds pas. Je n’ai plus assez de souffle. Plus assez de temps. Je me contente de sourire. Il pousse un hurlement de rage et me frappe. Au visage d’abord. Puis à coup de poing, dans le ventre.
    Ils me lâchent brutalement. Je retombe à quatre pattes sur le sol. Une grêle de coups tombe sur moi. Je me recroqueville sur le bitume, instinctivement, mais les coups ne cessent pas. Je ne peux plus fuir maintenant.
    Je ne peux plus courir.
    Mais j’avais raison. Je le savais. Je savais qu’il y avait une issue. Je savais qu’il y avait une issue pour mettre fin à cette course. Je savais qu’il y avait une ligne d’arrivée quelque part. Peu importe si je n’ai pas été la gagnante. J’ai franchi la ligne. La course est finie. Je savais bien qu’il y avait une issue.
    Et je savais aussi que cette issue ne serait pas pour moi.
    Je sombre dans le noir. Plusieurs fois. A chaque fois, la douleur me tire du gouffre de l’inconscience. J’entends des cris de colère, des injures, des mots que je ne comprends pas. J’entends aussi des hurlements de douleur. Les miens. Mes hurlements, mes sanglots. Inhumains. Qui s’affaiblissent et finissent par devenir des râles, jusqu’à se taire tout à fait. Puis, au bout d’une éternité, ils s’en vont. Je crois. J’ai mal mais je ne reçois plus de coups. Ou bien est-ce que la souffrance m’empêche de sentir distinctement ce qui m’entoure ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai mal, c’est tout. J’ai cédé. J’ai cessé de fuir. Maintenant, c’est fini. Je ne pourrai plus jamais fuir.
    Je ne pourrai plus jamais courir.
    Je ne sais pas si je vois ou si j’imagine, si c’est bien mon sang sur ce trottoir et mes gémissement qui sortent de ma bouche, si j’ai bien vécu ce déchaînement de violence et de douleur. Je flotte entre réveil et inconscience, lumière et noir, vie et mort. Mes souvenirs me reviennent, par à-coups, par flashs. La douleur, comme une vague qui après m’avoir ballottée et engloutie me bercerai, m’emporte doucement vers l’obscurité.
    Je sais que cette obscurité, c’est la mort.
    Mais je n’ai pas peur. Je suis trop fatiguée pour avoir peur. J’ai trop mal pour avoir peur. J’ai trop mal pour hurler. J’ai trop mal pour souhaiter autre chose que ce néant bienfaisant qui s’approche doucement. Viens, douce et tendre mort. Viens, n’ai pas peur. Je t’attends. J’ai mal.
    Je ne pourrai plus jamais courir.
    Je sombre dans le noir. Comme la pierre qui, tout à l’heure, il y a une éternité, dans une autre vie, a coulé dans le canal. Je sombre. Je tombe sans avoir rien pour m’accrocher. Sans avoir envie de me raccrocher. Je tombe. Je meurs.
    Loin de moi, le canal miroite au soleil.
    Puis, doucement, la lumière s’éteint. Avec la douleur.
    Avec ma vie.
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MessageSujet: Re: Mes nouvelles....   Mes nouvelles.... Icon_minitimeSam 3 Avr - 18:07


    Ben alors ? C'est si nul que ça ? T.T

    J'en poste une autre, encore dans le domaine tragique...


    *****

    Nos larmes sont des cadeaux. Des offrandes à ce que nous ressentons. A ceux que nous aimons. Oui, nos larmes sont nos cadeaux.
    Ces perles salées qui coulent sur mes joues, elles sont pour toi. Dernier hommage à notre amour, je te les offre. Je t’offre ma peine, ma détresse, ma douleur. Je vous offre les derniers échos de mon cœur moribond. Je ferme les yeux mais les larmes coulent toujours. Elles roulent sur mon visage, tombent sur mes mains couvertes de sang. De votre sang. De notre sang.
    Je suis désolée.
    Je savais. Je savais que nous étions en danger. Nous le savions tous les deux. Lorsqu’on fuit son devoir et qu’on trahi sa nation, on n’est plus en sécurité nulle part. On n’a plus droit à la sécurité. Nous le savions, toi et moi. Pourtant, nous avons fui. Nous avons trahi. Nous avons quitté nos pays ennemis pour vivre notre amour. Loin. Seuls.
    Je suis désolée.
    Nous avons cru pouvoir réussir. Sans doute avons-nous réussi. Un moment, seulement. Puis nous nous sommes sentis en confiance. Nous avons relâchés notre garde. Comment croire à la guerre alors qu’on vit dans la paix et la sérénité ? Comment craindre le cauchemar du passé alors qu’on vit dans le présent, un présent aux allures de rêve ? Oui, comment avoir peur de ce qui semble si loin, si irréel ?
    Je suis désolée.
    Nous étions si heureux… Nous avons échoué. Lorsque la porte s’est ouverte, lorsque les murs de notre maison de blanc sont devenus rouge, lorsque nous avons du reprendre les armes… Nous avons su que nous nous étions trompés. Nous avions juré de ne plus nous battre, de ne plus tuer. Pourtant, nous avons repris les armes pour livrer notre dernier combat. Pourtant nous avons tué, sans pitié ni remord, pour une bataille dont l’enjeu étaient nos vies déjà perdues. Notre dernier combat était perdu d’avance.
    Je suis désolée.
    C’est fini maintenant. Nous étions restés des soldats, même après avoir fui les ordres et la guerre. Nous les avons éliminés. Tous. Notre idylle s’est achevée dans un bain de sang. Le sang de nos ennemis, de nos compatriotes. Mais notre sang aussi. Le sang de nos corps, de nos cœurs et de nos âmes.
    Je suis désolée.
    Je les ai reconnus. Toi aussi. Nos agresseurs, aux visages brûlants de haine ou figés dans une atroce détermination, avaient jadis été nos amis. J’ai reconnu un compagnon d’armes. Un ami très proche. Nous avions combattu ensemble, jadis. Il a été le premier à mourir. Sous mes coups. Je revois sa chute, sans cesse. Comme un film qui passerai en boucle sur mes paupières choses, je le revois qui tombe, tombe, avec cette expression de stupéfaction qu’il a eut lorsque je lui ai planté un couteau dans le ventre, une expression choquée qui est restée gravée sur ses traits même après qu’il ai cessé de respirer, même après qu’il ait cessé de bouger et ne soit devenu qu’un corps baignant dans son sang. Mon ami. Mon ennemi.
    Je suis désolée.
    Je ne veux plus le voir mourir. Je ne veux plus voir sa mort. Je n’en peux plus de me voir le tuer. J’ouvre les yeux. Mais là, c’est ta mort que je vois. Ta mort, à toi, mon amour, mon amour à jamais perdu. Lorsqu’il n’est plus resté que nous deux, seuls vivants au milieu de ces cadavres, lorsqu’enfin tu as senti que ta mission était finie, tu as fermé les yeux et cessé de respirer. Comme ça, tout simplement. Tu es mort debout. Mais cela n’a rien changé. Quel que soit la façon dont on meurt, on fini tous notre chemin de la même manière. Lentement, tu t’es affaissé sur le sol écarlate, au milieu des corps de nos amis, de nos ennemis. Et je suis tombée, moi aussi.
    Je suis désolée.
    Moi, je vis encore. Mais toi, non. Tu es parti. A jamais. Emportant mon âme et mon cœur avec moi, tu m’as quittée. Je suis vivante mais je suis morte moi aussi. Mon cœur bat toujours pourtant il me semble interne, froid, vide. Il ne me fait déjà plus mal. Et cette absence de douleur, ce manque de peine est plus crucifiant encore que la souffrance.
    Je suis désolée.
    Nous sommes à présent séparés par une barrière bien plus infranchissable que celle que la guerre avait élevée entre nous. A présent c’est le gouffre de l’absence qui nous ronge, qui me ronge, et me détruira. Un jour. Pas encore. Pas maintenant. Mon corps fonctionne encore. Je n’ai pas le droit de le fuir. J’ai déserté une fois. Pour toi. Je ne déserterai pas une seconde. Car cette fois, je n’ai aucun espoir de te retrouver. Nous savons tous que la mort est la fin du chemin, qu’il n’y a plus rien après. Je t’ai perdu. A jamais. La mort nous a séparé et plus rien ne nous réunira. Jamais. Jamais.
    Je suis désolée.
    Je ne te l’ai pas assez dit. Je te l’ai chuchoté chaque jour, chaque nuit, tu l’as lu chaque seconde dans mes yeux mais ce n’était pas assez. A présent, tu ne peux plus m’entendre, tu ne peux plus me voir. Et je ne peux plus te le dire. Je ne te l’ai pas assez dit. Je m’en veux. Mais en même temps, je n’ai pas mal. Je n’arrive pas à avoir mal. Mon esprit flotte quelque part dans le néant. Je ne souffre plus que dans mon corps. Mon corps qui me semble devenu un abysse de douleur. Pourtant, je trouve encore la force de cesser de pleurer. De lever une main couverte de sang pour te fermer les yeux. Et de murmurer, tout bas, ce que je ne t’ai pas assez dit.
    Je t’aime.
    Je t’aime. A jamais. Je t’aime. Malgré le sang. Malgré la guerre. Malgré la paix. Malgré la mort. Malgré la vie. Je t’aime. Pour toujours. Je t’aime. Même si je ne dois plus jamais te revoir. Même si je dois survivre. Je t’aime. Même si mon cœur est mort, pour toi il ne s’éteindra jamais. Je t’aime.
    Je te demande pardon.

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MessageSujet: Re: Mes nouvelles....   Mes nouvelles.... Icon_minitimeSam 17 Avr - 21:26

    Une autre nouvelles... Commentez, c'est pas inutile !


    **********************



    Des mots. Des couleurs. Des sons. Des odeurs, des flashs, des émotions. Qui tourbillonnent. Me heurtent. Passent devant mes yeux. Me traversent. Fugitivement. Doucement, sans douleur, sans choc. Des images, des perceptions. Elles m'entourent. Et flottent autour de moi. Dans le noir.

    Le vide.

    Je flotte dans le néant, tel un esprit désincarné. Je sais que ce n'est pas le néant. Ces mots, ces pensées, ces flashs, toutes ces choses qui troublent le néant sont à moi. Ce sont mes souvenirs. Je ne suis pas dans le néant. Mais dans ma mémoire. Je suis en train de rêver, je le sais. Mais je suis incapable de me réveiller. De quitter ce néant, ces souvenirs tendres ou douloureux.
    Je flotte.

    ...

    - Je t'aime.
    - Qu'est-ce qu'il y a derrière les nuages ?
    - Un jour, peut-être...
    - S'il-te-plaît.
    - Pourquoi ?
    - Je ne veux pas de lui.
    - Viens, viens avec nous !
    - Raconte-moi une histoire...
    - Et si tu pouvait réaliser tes rêves ?
    - J'aimerai être un dauphin.
    - Moi, je préfère la mer à la montagne.
    - Le vent a forci.
    - Je vous laisse, d'accord ?
    - Je te le promets.


    Des mots. Et des images. Un rivage balayé par le vent. Une plage grise sous les nuages gris. Un visage aimant. Une frimousse contrariée. Le ciel. L'intérieur d'une pièce éclairée par le soleil. Un feu de cheminée. Un sourire.
    Des mots. Et des sensations. Des perceptions. Odeurs de résine ou d'iode, de fleurs ou de poussière. Contacts d'une main douce sur ma joue, de la gifle du vent, du froid des embruns. Goût de pomme, puis de biscuit. Émotions. Exaltation sauvage, tristesse, frustration, attente, attention distraire, émerveillement, colère sourde, indifférence.
    Des mots. Les miens et ceux des autres. Qui se mêlent. Se succèdent. S'accélèrent. Se précisent. Se concentrent sur un passage, un tournant de ma vie. Se font plus rapides, plus saccadés, chaotiques.

    ...

    - Non !
    - Tu m'as menti.
    - Je reviendrai vite, d'accord ?
    - C'est de ta faute !
    - Où est-il ?
    - Je te hais, je te déteste, je voudrais que tu meure !
    - Qu'as-tu fais...
    - Menteur, menteur !
    - Tu n'est qu'un sale voleur !
    - Tu as toujours été dure.
    - Tu es méchante, égoïste, jalouse, stupide, et je te déteste !
    - Dégage !
    - Pardonne-moi, ma chérie...
    - Il est trop tard.
    - Sale envahisseur !
    - Nous avons fais tout ce que nous avons pu, mais...
    - Tu aurai pu l'aider !


    Des mots. Et leurs contextes. Leurs images. Mon frère, debout en face de moi, écarlate de rage. Un canal, en contrebas de la colline. Un corps qui roule sur une pente presque verticale, caillouteuse, qui plonge dans l'eau rapide et boueuse. Un couloir d'hôpital. Un médecin à l'air embarrassé. Des larmes sur un visage.
    Des mots. Et leurs impressions. Leurs sensations. La caresse du vent et la chaleur du soleil de l'été. Le choc d'une gifle sur ma joue. La douleur dans mon poing qui heurte une épaule. Le vertige lorsque je me penche. Le froid des larmes sur mon visage et celui, empoisonné, de la panique qui se répand dans mon corps. La fatigue, l'épouvante, la honte, la terreur. La douleur dans mes épaules alors qu'on me secoue comme un prunier. L'impression de tomber alors que mes deux pieds sont bien posés sur le sol lisse et égal d'un couloir blanc. Et la culpabilité.
    Insurmontable.

    Des mots. Des souvenirs. Les miens. Comment ai-je pu vivre avec jusqu'à aujourd'hui ? Aujourd'hui, alors qu'ils m'étouffent, me noient, j'ai envie de hurler, de me débattre. De fuir, d'oublier. Ou de mourir. Je ne me souviens pas, je revit.
    Je revit mon enfance.
    L'amour illimité que je portait à l'eau, à la mer, à l'océan, au vent. La sécurité et la tendresse de mes parents. L'amour mêlé de jalousie dévorante que je ressentait envers mon petit frère Loïc. Les vacances. Le temps qui passait, à aimer, à haïr, à faire grandir la rivalité entre mon cadet et moi.
    Et puis ce jour d'été, au bord du canal, alors que j'avait peut-être douze ans. Loïc et moi, face à face, loin de la protection et de la surveillance des autres. Nos insultes. Nos rancœurs crachées au visage. Nos coups échangés. Et la colère. Celle qui m'a fait pousser mon petit frère dans la pente. Mon frère. Mon sang. Qui roulait, tombait, s'assommait, disparaissait sous les flots du canal. Mon frère. Noyé par cette eau que j'adorai. Noyé par ma faute. Ma peur panique, ma fuite éperdue pour prévenir les adultes alors que savais que c'était trop tard. Mes balbutiements pour raconter le prétendu accident, pour cacher ce que je savais être un crime. Le trajet vers l'hôpital, le verdict des médecins. Et la mort de ma famille, ce jour-là. Le désespoir et les reproches informulés de mes parents. Le deuil. Et ce secret.
    Ce mensonge.
    Ma vie qui s'est poursuivie. Les années qui ont passées. Indifférentes. Mes études, mes réussites. Les vêtements noirs. Le mutisme de mes parents. La sensation amère d'être ignorée par tous. Le chagrin qui restait. Les examens passés avec succès. L'absence de joie. Les études de droits qui m'absorbaient sans me faire oublier ma faute. Les anniversaires si lugubres. Et le temps qui passait.

    Solitude.

    Je voudrais hurler, sangloter, pleurer. Je n'y arrive pas. Je n'ai pas de corps. Je ne peux pas mourir. Cette noyade dans mes souvenirs ne me tue pas, mais j'ai l'impression d'agoniser. Depuis une éternité. C'est ma faute. Tout est de ma faute. Je veux mourir. J'en suis incapable.
    J'ai tué mon frère. Sur un coup de colère. Il avait neuf ans. Et j'étais jalouse de lui. Je le détestait et je l'aimais. Je l'ai tué. Et la haine s'est évanouie. Et, à la mesure de mon crime et de l'amour que je lui portait en essayant de le nier, est venue la douleur. La culpabilité.
    J'ai tué mon frère.

    ...

    Peu à peu, les souvenirs refluent. S'éteignent. Comme des bougies qu'on soufflerai. Leur poids cesse de m'étouffer mais je pleure toujours. Des pleurs sans larmes ni sanglots, puisque que je n'ai pas de corps pour extérioriser ce que je ressent. Des pleurs qui ressemblent à une pluie fine et glacée. Une pluie qui tombe en moi. Lentement. Dans le noir. Dans le noir puisque les lumières et les couleurs de mes souvenirs se sont évanouis. Tout comme le reste de mes perceptions. Ne reste que le noir. Et mon chagrin.
    Absolus.

    ...

    Et tout d'un coup, un autre souvenir m'apparaît. Ma conscience vacillante tente de s'écarter ce morceau de passé. Puis je me ravise. Ce souvenir est différent. Ce n'est pas un pan de mon histoire à la dérive comme un morceau d'épave, il ne se dirige pas vers moi, brutal et sans merci, comme les autres.
    C'est une fenêtre.
    Une ouverture dans le néant. Un carré lumineux aux contours flous et hésitants, qui s'agrandit doucement, comme une fleur. Comme s'il me laissait le choix d'y pénétrer ou pas. Par cette ouverture dans le noir, j'aperçoit la courbe d'une colline terne, assombrie et battue par les nuages et le vent d'un orage automnal. Ce souvenir n'est pas à moi. Je ne connais pas cet endroit. Mais je connais la silhouette qui y est debout, et qui me tourne le dos. Mon coeur se serre. Il n'a pas changé. Il porte les mêmes vêtements que le jour de sa mort. Comme si, pour lui, le temps s'était arrêté juste avant notre dispute.

    Je franchis le portail.

    ...

    Juste un pas. Juste une seconde. Un instant. Un instant de vérité. Un instant où les possibilité ne connaissent plus de limite. Cet instant-là arrête le temps. Arrête l'univers. Le temps d'une rencontre. Le temps de se retrouver face à soi-même. Face à ce qu'on refusait d'affronter. Le temps s'arrête. Et ne reste que nous.

    Et, peut-être, l'espoir d'un futur.
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MessageSujet: Re: Mes nouvelles....   Mes nouvelles.... Icon_minitimeSam 17 Avr - 23:31

Je pense te l'avoir déjà dit mais franchement, je trouve que tu écris super bien ^^
Pour moi, tu as vraiment un don pour exprimer des émotions, des sentiments avec des mots. Smile
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MessageSujet: Re: Mes nouvelles....   Mes nouvelles.... Icon_minitimeLun 17 Mai - 17:25

Alors je vais commenter ta première fic. Elle est magnifiquement bien écrite, on se pose des questions sur la raison de sa fuite ce qui met en haleine. On a envie de savoir ce que elle cache si précieux .Qui fait que on la poursuit. Mais je n'ai pas trop compris la fin ? Je t'accorde que les rêves ont des signification bien particulière et parfois farfelu. La fin laisse perplexe . Pourquoi se battre pour un caillou ? Il a des pouvoir spécial le caillou ?

Pour la seconde fic.
Cette histoire dans certain pays ou dans un temp ancien serais bien véridique ( tu ne serais pas la réincarnation d'un ancien soldat ? ) des gens qui fuis la guerre , qui n'ont pas voulu de cette guerre et voudrait s'aimer pour toujours dans la paix il y en a , et en a eu. On les appelles les déserteurs, mais qui les a enrôlée dans une guerre qui en fait n'est que pour un pouvoir que eux n'auront pas. Souvent se sont des personnes qui n'ont rien demandés. Très joli fic.

Pour la troisième :
Douloureux souvenir que ton personnage a vécu. Une mort horrible le petit frère à eu. Et je peux comprendre la douleur au moins des parents . Mes propres parents ayant perdu un fils avant ma naissance. Hydrocution. Je l'aurai ressenti quant j'étais petite, il voulait une petite sœur, il la eu sa petite sœur, après sa mort. joli fic. Mais je la ferais surtout pas lire a mes parents c'est assez traumatisant Pour une personne qui a connu une situation de se genre.
Mais toi tu n'est pas une réincarnation ? ou un don particulier pour le ressenti ? les morts ne te parle pas ? ( Je rigoleMes nouvelles.... Lol )
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