Aernea, chapitre 2 : le continent

(J'en profite un peu...)

Il fallut quelques secondes pour que Jin comprenne réellement ce qui se passait... et pour que son cerveau interprète ça comme quelque chose de réel et non comme une mauvaise pensée.
Il se précipita au bord du précipice, tentant d'en discerner le fond, chose impossible.
Quatre secondes s'étaient écouler depuis que tous avaient chutés... Jin ne réfléchit pas, le monde autour de lui devint soudain minuscule, ne se limitant plus qu'au précipice, profond, inquiétant.
Dangereux.
Le voleur ferma les yeux et se laissa basculer en avant, la douleur avait disparue. Une seconde plus tard c'était une sorte de renard à neuf queux de tailles relativement impressionnante qui s'élançait vers le fond du précipice, deux énormes ailes d'un aspect presque immatériel guidait sa chute.
Son regard s'aiguisa, son ouï de même, il recouvrait la lucidité dont il faisait preuve depuis un petit moment.
Devant lui il pu enfin les voir...

Ywëna, sonnée par le choc lorsque Awel l'avait bousculé, se débatti pour se remettre à peu près en position vericale. Sa chute s'accéléra, elle dépassa Awel et réussi à attraper la main d'Eylir. Puis elle se transforma en dragon, espérant qu'Awel tomberai sur une de ses ailes.
La chute d'Eylir s'arrêta net, et l'elfe s'accrocha à la patte de la dragonne blanche comme si sa vie en dépendait. Ce qui était le cas.
Awel rebondit sur le cuir des ailes d'Ywëna, comme sur un tremplin. Elle atterit contre une paroi du précipice et s'accrocha au roc avec l'énergie du désespoir. Ywëna, encombrée par sa grande taille, ne pouvait pas l'aider.

Ywëna, passé la surprise, observa la nouvelle forme de Jin tout en remontant, Eylir accroché à sa patte. Elle le déposa sur l'étroit chemin avant de se retransformer en humaine, peu après que Jin et Awel se furent posés.
La première chose que fut Eylir fut de pousser un épouvantable juron avant de se précipiter vers sa fiancé pour vérifier qu'elle n'avait rien.
La première chose que fit Ywëna fut de mettre une paire de claques à Eylir.
L'elfe, si abasourdi qu'il en oublia de répliqua, fixa la demie-elefe qui poussa un long soupir de soulagement.
- Ha, ça fait du bien. J'aurai regretté de mourir sans avoir fait ça.
Chacun sa manière d'évacuer le stress. Eylir râlait, Ywëna frappait.

Eylir décida finalement de ne rien dire. Ywëna lui avait sauvé la vie, après tout. D'ailleurs, ça devait lui rester en travers de la gorge. Il s'approcha d'Awel avec inquiétude :
- Tu va bien ?
- Mais oui. Et toi ?
Laissant les deux fiancés parler, Ywëna s'approcha de Dolphin qui tenait un petit renard dans ses bras :
- Cet endroit n'est pas sûr. Je propose de s'en aller.

Jin s'approcha du renard et l'effleura de la paume...
* Comment et tu arrivé là pauvre petite bête...?*
- Cet endroit n'est pas sûr. Je propose de s'en aller.
Jin se tourna vers Ywëna.
- Tu as raisons, remettons nous en route avant qu'un éboulement ne projette encore quelqu'un dans le vide.
Sombre Présage n'avait pas bouger, il avait été bien dressé ce cheval ! Jin revint à la place qu'il avait quitté quelques minutes auparavant comme si de rien n'était, il était inquiet pour le renard mais ne pipait mot.
- En route !

Le petit groupe se remit en marche. Après encore une dizaines de minutes de marche, ils passèrent dans un tunnel qui trouait la falaise... Et débouchèrent dans une plaine, près d'une petite rivière. L'épreuve du précipice était terminée.
Dolphin descendit de cheval sans lâcher le petit renard, qu'il posa doucement sur le sol. Ywëna aida Awel et Eylir à attacher les chevaux à une souche, puis s'approcha de la petite bête rousse.

Ywëna s'accroupit près de la petite renarde, qui recula en montrant les dents. Ah oui, c'est vrai, Ywëna sentait le loup. Elle recula pour ne pas effrayer la petite bête et, devinant ce qui retenait le jeune voleur, elle dit à Jin :
- Transforme-toi. Ils n'oseront rien dire. Tu viens de sauver la vie d'Awel, je te rapelle...
Awel qui, d'ailleurs, était en train de raconter sa chute à Eylir qui la couvait du regard. Cet elfe était détestable, mais on ne pouvait pas nier qu'il adorait sa fiancée.

Jin aquieça, Ywëna avait raison.
En une seconde le voleur était devenu petit renard aux reflets dorés. Il s'approcha de la renarde et tenta de demander de façon réconfortante :
- Nous ne te voulons pas de mal, qui es-tu ?
- Je ne te crois pas, vous êtes tous les même !
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Personne n'a jamais été gentil avec moi... sauf maman.
- Et où est-elle ?
- Partie... enfin je veux dire qu'elle ne se réveille plus.
- Ah... désolé je ne voulais pas... mais tu vois je suis différent d'eux, je suis comme toi.
- Oui, tu as peut être raison... tu ne sembles pas être méchant toi... alors je vais te répondre : je m'appelle Sahalia.
Le coeur de Jin faillit s'arrêter sur le coup... il ne croyait pas ses oreilles !
- Sahalia ?! Tu es vivante ?!
- T'es bizarre, bah oui que je suis vivante, sinon je ne serais pas devant toi.
- Non ce n'est pas pour ça... tu ne te souviens pas de moi ? Jin le voleur de la caserne d'Aogol ?
- Non ça ne me dis rien, pourquoi ?
- Ah... euh non ce n'est rien. Tu n'as donc aucune famille ici ?
- Non, ma famille vit dans la ville là bas (elle désigna d'un coup de tête l'est), mais je ne veux pas les voir.
- Et pourquoi ?
- Je... parce que...
Sahalia ne put parler plus, elle chancelait et finit par perdre connaissance.
Jin reprit forme humaine, plus inquiet que jamais.
- Vite, il faut aller à Keoln, je ne veux pas qu'elle meurt !

Eylir pivota vers Jin et haussa les épaules :
- Pourquoi ? Ce n'est qu'un renard...
Awel se planta devant son fiancé et le toisa jusuq'à ce qu'il baisse les yeux. L'elfe aux yeux rouge fusillait Eylir des yeux et martela ses mots :
- Ah non, tu ne va pas recommencer ! Je te jure que je vais suivre l'exemple d'Ywëna.
L'elfe déglutit. Cette perspective ne le réjouissait pas du tout.
Awel se détourna de lui et s'avança vers Jin.
- A Keoln, personne ne voudra la soigner. Je vais m'occuper d'elle. Eylir, passe-moi les bandages qui sont dans ta sacoche de selle. Ywëna, trouve un bâton droit pour faire une atelle.
- Oui, chef !
Ywëna jeta un coup d'oeil à un arbre qui avait poussé sur la paroi de la falaise. Il semblait avoir des branches droites, mais il était haut. Peu importait. Elle se transforma au second niveau, cassa une branche puis retourna la tendre à Awel. Eylir, avec un air de martyr comme si s'occuper d'un renard lui arrachait le coeur, avait passé une longue bande de tissu blanc à Awel, qui pansait le flanc de la petite renarde.

(Note : si un lecteur (ou une lectrice) est interessé, je laisse le rôle de Sahalia libre ^^' (le nom peut être changé si nécessaire))

Personne ne semblait avoir été surprit par la transformation de Jin en renard, tant mieux...
Le voleur se tenait à côté de Sahalia, il n'arrivait pas à y croire : elle était vivante !
Mais surement amnésique...
Jin se maudit d'avoir oublié que l'animal de la jeune fille était le même que le sien...
- Si seulement j'avais mes affaires... il n'y a rien que je puisse faire pour me rendre utile ?

Awel remit en position normale la patte de la petite renarde, qui commençait à sortir de l'inconscience. La petite bête rousse poussa un glapissement de douleur et se ré-évanouit aussi vite.
- Je crois qu'elle est surtout très affaiblie. Tu arriverai à chasser ? Dolphin, on est a combien de temps de la ville ?
Le jeune homme fixa le ciel et estima :
- Il se fait tard. Si on ne s'arrêta pas, on atteindra la ville vers minuit.
- Dans ce cas, autant camper ici.
Awel approuva d'un hochement de tête, fixa le bâton à la patte de Sahalia et banda la patte blessée. Sans lever la tête, elle demanda :
- On a une tente ?
- Oui, j'en ai une dans ma sacoche de selle.
- Parfait. Ywëna, Dolphin, Eylir, montez-la.
Sans entousiasme, l'elfe se joignit au jeune noble et la demie-elfe.

La tente était montée. Un peu bancale certes, puisque Dolphin et Eylir se disputaient toujours sur l'emplacement d'un piquet, mais au moins elle tenait debout et réisterait même à un petit coup de vent.
Par contre, elle était petite. En se serrant, trois personnes pouvaient y dormir. Ywëna et Awel avaient donc décidé de se transformer et de dormir dehors.
Sahalia était toujours évanouie. Ywëna, devenue louve, s'était roulée en boule non loin de la petite renarde, et releva la tête en apercevant Jin. Sans se doner la peine de se retransformer, elle baîlla et lança :
- Revoilà notre chasseur ! Tu as trouvé un gros truc ?

(Ywëna comprend le renard ? ^^')
Jin leva la carcasse de la biche, il y avait de quoi manger pour trois ou quatre personnes.
Jin se contenterai des figues de toute façon.
- J'ai récupéré ça, et quelques fruits. Je n'aime pas tuer des bêtes en bonne santé. Tu pourrais nous allumer un feu pendant que je dépèce la carcasse ?
Le chasseur déposa la carcasse sur une vieille souche et commença à tailler quelques morceaux et récupérer la peaux.

(Je suppose que sous forme de louve, oui ^^)

Ywëna se redressa, s'étira puis se retransforma. Elle commença à rassembler du bois, tout en jetant un coup d'oeil vers Eylir et Dolphin.
L'elfe était persuadé que ce piquet se plantait ici.
Dolphin lui arrachait des mains et le plantait là-bas.
Eylir repoussait l'humain et commençait à déterrer le piquet en juant comme un charetier.
Dolphin repoussait l'elfe et défendait le piquet avec véhémence.
Et ça continuait comme ça, jusqu'à ce que Dolphin s'asseye sur le piquet fautif en jurant qu'il ne s'en irrait pas de la nuit. Awel, écroulée de rire, tendit un allume-feu à Ywëna, qui avait rassemblé un bon fagot. La demie-elfe alluma le feu en pestant contre le bois légèrement humide, tandis que la petite renarde, Sahalia, profaitait de ce moment où personne ne s'interressait à elle pour se réveiller.

(Si mes souvenirs sont bon, Ywëna n'était pas sous sa forme de louve au moment de la conversation de Jin avec Sahalia et ne connaît donc pas le nom de cette dernière, enfin c'est juste un détail...)

Jin récupère quelques piques à brochette de la sacoche de son cheval et enfila quelque morceaux de viandes sur l'une d'elle qu'il tendit ensuite à Awel qui l'accepta avec un sourire et s'en alla la faire cuire.
Le chasseur réitéra l'opération et donna successivement une brochette à chacun des habitants du camp... Dolphin borner ne bougea pas d'un pouce.
Jin haussa les épaule et fit cuire la viande de la dernière brochette puis, compatissant, il offrit la tendit à Dolphin qui accepta non sans un sourire de gratitude.
Une fois tout cela accomplis il déposa quelques figues sur la souche et s'en alla donner quelques morceaux restants à Sahalia.
Elle commençait à se réveiller, mais Jin ne voulait pas l'importuné, il se contentât de déposer les morceaux devant la renarde et s'en alla manger une figue un peu à l'écart.
Il avait la tête pleine de question, la plus brûlante était simplement : Comment avait-elle survécu ?
La seconde n'en était pas moins énigmatique : Pourquoi se trouvait-elle sur le continent ?
Jin avait beau réfléchir, il n'arrivait pas à répondre à ces deux simples questions, mais il ne souhaitait pas importuner Sahalia maintenant, elle avait besoin de repos.

Ywëna mangea de bon coeur. Le ventre plein, les compagnons de voyage se détendirent et commencèrent à bavarder. Avec le plus grand sérieux, Ywëna proposa à Dolphin de dormir à sa place sur le piquet, puisque sous sa forme de louve elle ne souffrirait pas du froid. Le jeune noble, ravi de pouvoir abandonner son précieux piquet pour aller dans la tente, accepta en imitant le ton pompeux d'un roi qui fait une immense faveur.
Sa pîtrerie déclencha les rires. Les êtres humains étaient pls faciles à vivre quand ils n'avaient pas faim...
Au bout d'un moment, Dolphin rentra dans la tente. Eylir resta encore un peu, puis alla lui aussi s'abriter du froid. A l'intérieur de l'abri, on les entndit encore se disputer sur l'emplacement exact du piquet de tente.
Le soleil avait totalement disparu lorsque Awel se transforma en aigle et se coucha sous un pan de toile. Ywëna, fidèle à sa promesse, alla dormir près du piquet de Dolphin.

Ywëna se réveilla deux heures plus tard.
Elle se leva silencieusement. Louve, elle était irrésistiblement attirée par ce qu'on nomme "l'appel de la liberté". Elle avait envie de courir, de chasser, de hurler à la lune.
Elle s'éloigna en silence. D'abord lentement, puis de plus en plus vite. Elle pénétra dans la forêt, tomba sur la piste d'une troupe de chevreuils, et s'élança joyeusement à leur poursuite. Elle les chassa par jeu, puis croisa un très jeune loup solitaire avec qui elle sympathisa. Lorsqu'elle atteignit un promontoire rocheux, elle se campa sur ses pattes et lança un long hurlement.
Joie, force et solitude.

Avant l'aube, elle revint. Personne n'était levé. Elle se recoucha donc à sa place, et s'endormit aussitôt. Pas pour longtemps, hélas, puisque trois heures après Eylir quitta la tente avec un baîllement sonore.

(Panne d'idées, je séche...)

Dolphin émergea de la tente d'un air endormi, et sourit en voyant Ywëna lovée sur son piquet. Awel, à son tour, se réveilla et quitta sa forme de rapace.
La dernière, Ywëna s'étira et se redressa. Puis elle décida d'aider Dolphin et Eylir à démonter la tente. Ils reprenaient leur querelle là où ils l'avaient laissés.

Jin soupira, se demandant s'ils cesseraient avant leur arrivée en ville...
Il s'approcha de Sahalia qui ouvrait doucement les yeux.
- Bonjour Sahalia.
- Bonjour... Jin c'est ça ?
- Oui, tu as bien dormi ?
- Oui, comme un nourisson et toi ?
- Ca peut aller. Nous allons à Keoln et...
- Quoi ?! Vous êtes fous !
Elle avait reculé et ses poils s'étaient soudainement hérissé.
- Pourquoi...?
- Ils ne pensent qu'à leurs dieux, rien qu'à ça, et passe leurs journées cloitrés devant des hotels, les obligations y sont énormes et extremement contraignantes, insuportables oui !
- Et pourtant je suis forcé de passer par là...
- Pourquoi ?
- Trop long à expliquer maintenant... tu nous accompagnes ? Je te promets que tu n'aura pas à prier avec nous, nous devons impérativement passer par Keoln pour nous réapprovisioner, ensuite nous irons encore plus loin vers l'est.
- Vers l'est tu dis ? C'est là que je voulais me rendre, mais j'ai je me suis perdu dans la forêt, et je me suis blessée...
- Eh bien tu nous accompagnes alors ?
- Oui.
Jin redevint humain et souleva la renarde toujours enroulé dans sa couverture et s'en alla chercher son cheval, Sombre Présage n'avait pas bouger et semblait heureux de revoir son maître : il allait pouvoir se dégourdir les sabots.
Le voleur monta sur son cheval et revint au campement en lançant :
- Vous êtes prêts à partir ?
Quand à la tente...